
En tout cas, les belges donnent l’exemple. Depuis le 6 mars 2018 dernier, tous les belges, qu’ils soient loin ou proches d’une centrale nucléaire, peuvent se procurer gratuitement une pastille d’iode, pour se protéger en cas d’incident nucléaire. Le rayon de sécurité autour des centrales a été ainsi étendu de 20 à 100 km. C’est unique en Europe. Il faut dire que sur les sept sites nucléaires existants, le risque d’un accident nucléaire sur l’un d’entre eux est faible mais pas inexistant selon les autorités.
Pour Muriel Gerkens, députée belge fédérale écolo interviewée vendredi 9 mars pour la radio RCF, la France est en retard :
« c’est certainement du au poids du lobbying nucléaire, c’est pourquoi vous avez plus de mal que nous à sortir du nucléaire, même si vous développez des filières d’énergies renouvelables alternatives. »
Peur de faire peur

En France, le périmètre de sécurité n’est que de 20 km autour des centrales nucléaire. Alors que l’on sait que le nuage radioactif , en cas d’incident nucléaire, peut atteindre 100 km et dépasser les frontières (voir article de la Voix du Nord pour la zone frontalière du Nord) et toucher d’importantes métropoles (Lille serait dans le nuage radioactif de la centrale d’Anvers).
Le député Paul Christophe, président de la nouvelle commission d’enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, crée début février par le Président Macron, répondait lundi 12 mars sur RCF à Muriel Gerkens :
« Aujourd’hui, par rapport aux auditions que l’on mène, il n’y a pas d’omerta. Le lobbying du nucléaire ne pèse pas sur la possibilité d’étendre ou non ce périmètre de sécurité. Je pense que c’est davantage lié à une question de moyens et à une crainte d’affoler les populations, de créer une situation anxiogène. Il est nécessaire de progresser à petits pas. Mais il est sur que la décision belge est à saluer et elle devrait faire bouger la France et les autres pays européens. »
Paul Christophe remettra son rapport au gouvernement en septembre prochain, es espérant qu’il sera inspiré par l’expérience belge. Les ministres belges sont même allés plus loin avec la publication du site risquenucleaire.be sur lequel les autorités détaillent les mesures d’urgence, et l’annonce d’une sortie du nucléaire pour 2025, largement soutenue par les Ecolos belges.
A quoi servent les pastilles d’iode ?
En cas d’incident nucléaire, elles visent à saturer la thyroïde pour éviter qu’elle ne capte de l’iode radioactif. Elles ne sont à ingérer que sur ordre du préfet. Plusieurs heures avant l’arrivée du nuage radioactif.
En France, elles ne sont délivrées que dans le périmètre de sécurité de 20 km autour des centrales. En-dehors de ce périmètre, aucune pharmacie n’en détient. Tout est stocké chez différents répartiteurs pharmaceutiques, c’est à dire des grossistes de médicaments, un peu partout sur le territoire.
Au-delà d’avoir le plus faible périmètre de sécurité d’Europe, la France est pointée du doigt sur l’absence de culture du risque de la population qui vit en-dehors du périmètre de sécurité. Elle n’est absolument pas informée de tous les réflexes à avoir, surtout pour les frontaliers, à proximité de centrales étrangères.