Maintenant que les négociations sur l’application des articles de l‘Accord de Paris ont abouti l’année dernière à Glasgow, les efforts devraient se concentrer sur le soutien financier aux pays les plus fragiles. Mais c’est sans compter sur la puissance de forces toujours hostiles.

Les premiers jours de la COP, lundi 7 et mardi 8 novembre, devraient être mouvementés avec l’arrivée des chefs d’états – dont le président Macron – durant le « segment des leaders ». Il faut dire que le régime est au taquet : gérer une affluence pouvant atteindre les 40 000 personnes pendant 15 jours, venant de 196 pays et de l’UE, ce n’est déjà pas simple. Si en plus des manifestations s’installent en marge du site de la COP, ce serait un comble pour ce pays organisateur qui le reste de l’année muselle les ONG écologistes locales. Et pourtant, en amont, ça n’a pas empêché le nouveau bateau Greenpeace Rainbow Warrior à énergie éolienne de sillonner la Mer rouge. Il fait actuellement une tournée des ports intitulée « United for climate justice » (Alexandrie, Canal de Suez, Hurghada …), pour faire se rencontrer des jeunes leaders d’ONG du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord en vue de la COP27.

L’argent, le nerf de la guerre.
Cette année, la COP27, en plein continent africain, devrait concentrer les négociations autour de la question du financement des pays vulnérables. Il s’agit d’abord de la question de l’adaptation pour tenter d’atteindre enfin l’enveloppe des 100 Mrd$ annuels promis (contre 83Mrd$ actuellement, dont 6 Mrd$ de la France) pour aider les pays vulnérables à s’adapter. Il s’agit aussi de trouver un outil pour financer les pertes et dommages des pays qui ont des impacts climatiques inévitables quelque soit les mesures prises. Et ce même si la France et les USA plaident plutôt pour développer le réseau Santiago (des experts au service des pays vulnérables) dont certains doutent tout de même de l’efficacité. Enfin, la question de l’atténuation du réchauffement climatique est centrale. « Tel un « Climatothon», la COP27 pousse maintenant les pays à revoir annuellement leur copie pour adapter leurs CDN – Contributions au niveau national. » explique Antoine Bonduelle, relecteur du GIEC et spécialiste de l’atténuation. Il s’agit de réduire toujours plus vite les émissions de gaz à effet de serre, conformément aux objectifs de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés. Seuls 23 pays au 23/09/22 l’ont fait pour l’instant cette année dont la France et l’Egypte, «même si pour l’instant, il s’agit plus d’explications renforcées que d’efforts renforcés, hormis pour l’Australie.» souligne Fanny Petitbon de l’ONG Care ONG.

Efficacité des coalitions de Glasgow
Mais beaucoup d’interrogations subsistent. La COP26 avait annoncé – créant la surprise – la création de nouvelles coalitions de pays souhaitant lutter contre l’émission de méthane, protéger la forêt tropicale, aider l’Afrique du Sud à sortir du charbon … Ces coalitions sont-elles déjà efficaces ou est-ce du simple greenwashing ? Les observateurs vont également surveillés l’impact de la guerre en Ukraine et sa crise énergique sur les ambitions des pays, notamment sur le retour ou non du charbon. La mobilisation des Etats Unis avec l’administration Biden pourrait aussi changer la donne sur certains sujets, comme le financement des pertes et préjudices. La validation des article 6 (fonctionnement des marchés carbone avec respect des droits humains) et 13 (outils de transparence et suivi des engagements des pays ) de l’Accord de Paris à la COP26 va mobiliser les ONG, notamment sur la création d’un dispositif indépendant de plaintes.
Blocages latents
Les négociations en amont de la COP ont été compliquées, « avec de nombreux blocages de pays émergents pollueurs faisant partie du G20. Certains n’ont pas envie de donner l’exemple pour tenter de garder la boussole des 1,5 degrés. » a expliqué l’ambassadeur français chargé des négociations sur le changement climatique Stéphane Crouzat devant le Sénat le 12 octobre dernier. Si la première semaine devrait être technique, entre experts scientifiques, ONG, négociateurs, la deuxième semaine sera plus politique avec la présence de ministres pour finaliser les négociations. Durant ces quinze jours, chaque pays ou groupe de pays aura son pavillon, mêlant greenwashing et échanges de bonnes pratiques. On croisera aussi les représentants des villes, régions, peuples autochtones, ONG, jeunes, entreprises, syndicats, people venant défendre leurs causes. Mais à l’issue des négociations le 18 novembre au soir, tous espèrent que de nouvelles marches soient franchies ; l’urgence n’attend pas pour ces 3,6 milliards de personnes qui vivent dans des zones vulnérables au réchauffement climatique.

Rencontres Académie du Climat
Les JNE organisent deux rencontres intitulées « Les Jeudis de l’écologie » à l’Académie du Climat à Paris. Le 10 novembre, des journalistes et de jeunes activitistes échangeront sur le traitement médiatique de la COP, et la complexité de suivre, comprendre et traiter un tel évènement. Puis, durant la semaine du 14 novembre, un deuxième rendez-vous se concentrera sur les négociations finales, en lien avec des journalistes en direct de la COP27. Un évènement en collaboration avec l’AJE (association des journalistes de l’environnement) et l’AJSPI (Association des journalistes scientifiques de la presse d’information), ouvert à tous. Plus d’informations à venir.