
Voilà ce qu’a annoncé Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU hier soir lors de la plénière du sommet, aux côtés du président français Emmanuel Macron et Jim Yong Kim, président du Groupe Banque Mondiale. 2 ans après l’Accord de Paris, et quelques semaines après la COP23 à Bonn en Allemagne, ils réunissaient à nouveau le monde international à Paris, durant le One Planet Summit, ce 12 décembre 2017. Il s’agissait de mobiliser le monde de la finance – privée et publique – pour accélérer la lutte contre le changement climatique. Pour réussir le pari de la transition énergétique, il faudrait en effet lever près de 6000 milliards de dollars / an sur les 15 prochaines années. En 2015, les pays développés s’étaient même engagés sur une enveloppe de 100 milliards de dollars tous les ans à partir de 2020, à destination des pays en voie de développement. Mais on en est loin. Et si avec ce sommet, Emmanuel Macron changeait les mentalités dans le monde de la finance ?

12 Climacts
En tout cas, hier soir, le sommet s’est clôturé sur 12 engagements internationaux financiers significatifs – 12 Climacts. Des « deals » ont même été réalisés le jour même sur l’Ile Seguin, menés par la Banque Mondiale. Son directeur Jim Yong Kim a d’ailleurs lâché, durant la séance plénière, que le Président Macron lui avait mis la pression pour que des accord puissent être réalisés durant le sommet (financement par plusieurs fonds d’un projet d’adaptation au changement climatique des côtes de 17 pays d’Afrique de l’Ouest et d’un projet de géothermie en Indonésie). Les banques, les fonds, les compagnies d’assurances, les fondations, privés et publics, étaient bien les stars du jour, aux côtés des 70 chefs d’états venus soutenir le sommet.

Les ONG déçues
S’il y a eu des avancées, les ONG regrettent qu’il n’y ait pas eu d’engagements concrets de la part des Etats pour alimenter ce fonds de 100 milliards de dollars/an cité ci-dessus. Pour l’Europe, on attendait un projet de taxe européenne sur les transactions financières plus ambitieux. Et la France n’a toujours pas donné de calendrier sur la fin de ses subventions aux projets d’énergies fossiles.
Le monde de la finance est-il en train de changer ?
Que la finance évolue depuis des années, cela n’a échappé à personne. Nous entendons parler depuis longtemps de Livret de Developpement Durable, de Green Bond … sans pour autant empêcher certaines pratiques occultes qui touchent éternellement ce milieu. Mais depuis la COP21, les choses semblent s’accélérer. Tous les ans, se tient le Climate Finance Day. Les directeurs des banques centrales des différents pays, des fonds souverains, des banques privées, des compagnies d’assurances, des ministres de l’économie se réunissent. Ils partagent leurs innovations financières et leurs engagements pour une finance plus verte (créations de prêts bancaires, de fonds d’investissements, d’obligations vertes dédiés à la finance durable, calcul de l’empreinte carbone des investissements …) comme cela a été le cas lundi 11/12/17 à Paris pour la 3ème édition.

Un nouveau marché à saisir
Comme ce monde de la finance est technique et confidentiel, cette information est rarement remontée auprès du grand public. C’est maintenant chose faite avec le One Planet Summit. Nous avons changé de temps, semblent nous dire les organisateurs du Sommet. Pour Brice Lalonde, ancien coordinateur du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 2012 et présent hier,
« la finance n’est plus celle de 2008, qui nous avait plongés dans la crise, mais celle de l’avenir qui va nous aider à lutter contre Le réchauffement climatique ».
C’est peut être vrai. Mais les financiers ne sont pas tous des philanthropes. Et comme l’a rappelé hier l’américain John Kerry, ancien secrétaire d’état sous la présidence Obama,
« Dans les années 80, le plus gros marché était celui des télécommunications, aujourd’hui, celui des énergies renouvelables est le plus important marché à saisir.»
Les financiers sont donc en train de se saisir de ces nouvelles opportunités.

Innovation financière
Au One Planet Summit, il n’y avait pas que des banques ou compagnies d’assurances pour parler financement. D’autres acteurs étaient présents pour parler innovation financière. Isabelle Kocher, PDG d’Engie, transporteur et distributeur français de gaz, a insisté sur le fait que le marché de l’énergie n’est pas uniquement celui des grands projets de centrales. Il faut aussi accompagner la multitude de petits projets, portés par les citoyens, les villages, les villes. Selon elle,
« il faut créer une plateforme pour massifier ces projets, créer un cadre sécurisant et ainsi attirer les fonds de pension qui pourraient les financer. »
Du côté du financement des politiques publiques, Laurence Tubiana qui dirige la Fondation European Climate et qui avait participé aux négociations de la COP21, incite les gouvernements et collectivités
« à être cohérents aux Accord de Paris, à donner l’exemple et ainsi entraîner dans leurs sillages les financements privés ».

Mini-COP
Cette journée du 12 décembre sur l’Ile Seguin avait en tout cas un air de mini-COP (conférence annuelle de l’ONU sur les changements climatiques), avec la présence de chefs d’états, de grandes entreprises (AXA, Engie, Alstom …), des ONG, une forte délégation américaine et des « people » : Arnold Scharzeneger, Marion Cotillard, Richard Branson, Bill Gates, Sean Penn… 4000 personnes s’étaient déplacées.

La mobilisation continue aujourd’hui puisque depuis dimanche, différents sites parisiens accueillent des « side events » où la société civile – entreprises, ONG, associations…. – se retrouve pour partager des solutions concrètes pour faire face au changement climatique. Comme par exemple, l‘entreprise nordiste Terraotherm qui participe aujourd’hui à un side-event pour présenter ses solutions de recyclage thermique et signer un partenariat avec la fabricant de cheminées Poujoulat
Mais rappelons que les représentants du Costa Rica ont annoncé hier que que leur pays produisait de l’electricité à 99% grâce aux énergies renouvelables. C’est donc possible.