
Mardi 7 juin 2016 dernier, visite du Camps de Calais, à la rencontre de ces 5000 exilés, venus d’Afrique sub-saharienne mais aussi du Moyen-Orient. Cette immersion a été possible grâce aux bénévoles de la Cabane Juridique, installée au coeur du camps. Leurs missions : informer les migrants, mais aussi les soutenir dans leurs démarches de demande d’asile. Une attention particulière est portée aux mineurs isolés qui depuis mars 2016 dernier, peuvent plus facilement rejoindre leurs proches au Royaume-Uni.Et bien sûr, les experts juridiques les aident à porter plainte dès qu’ils sont victimes de violences policières, assez courantes dernièrement. Ou à rapatrier les corps dans les pays d’origine, les lendemains d’incendie par exemple.
Visite sous haute tension
Une première rencontre avec deux bénévoles de La Cabane Juridique a eu lieu au centre de Calais mardi en début d’après-midi. Solène Leconte, juriste de formation, 27 ans, est dans l’humanitaire depuis quelques années. Elle est accompagnée de Luce. Toutes les deux sont présentes depuis plusieurs mois sur place. Non rémunérées, leurs frais de bouche, de logement et de déplacement sont pris en charge par l’association La Cabane Juridique. Elles ont la vocation humanitaire. Mais d’emblée, elles me préviennent : on fait l’interview au centre de Calais. La visite de la Cabane Juridique au coeur du camps se fera après : »Des violences ont éclatées le 26 mai dernier du à une bagarre entre deux communautés. Un incendie s’est propagé ensuite, détruisant 3500 m2 de tentes et baraquements sommaires. On ne veut pas que la présence d’une journaliste recrée de nouvelles tensions. Vous savez, vous n’êtes pas toujours les bienvenus. Donc pas de photo, ni d’interview sur place. »
Opération de crowdfunding
Ce temps d’échange permettra de mieux connaître les missions, l’historique et les besoins de la Cabane Juridique. L’équipe est constituée d’une quinzaine de bénévoles, qui viennent un peu partout de France et du Royaume-Uni. Ils logent en partie dans une maison proche de Calais, d’autres sont en soutien logistique sur Paris. Beaucoup sont des anciens de Médecins du Monde et sont juriste de formation. Cette Cabane a été créée en janvier 2016, suite à l’Appel des 800, en octobre 2015 : cinéastes, philosophes, intellectuels, chercheurs, écrivains … se mobilisaient pour sensibiliser le grand public au sort des réfugiés de Calais. Ils ont permis de financer la création et le fonctionnement des premiers mois de la Cabane Juridique, grâce à un versement de 50 000 euros. Mais aujourd’hui, la Cabane Juridique a lancé une campagne de crowfunding pour assurer son avenir : https://www.leetchi.com/c/legalsheltercalais
Au coeur du camps
A l’issue de l’interview, Solène Leconte et Luce m’emmènent dans le camps. Nous quittons le centre de Calais, vers la direction de la Zone Industrielle Les Dunes. Au bout de la route, après avoir longé des zones résidentielles puis des usines, nous arrivons au camps. Peu visible du bord de la route, on voit de nombreux exilés marcher sur cette route. La police veille à l’entrée du camps. Une fois rentré, très vite, on se rend compte que le quartier est organisé par quartier : le coin des mineurs (500 jeunes), le quartier des femmes isolées (300 personnes), celui des familles et le reste. A l’entrée du camps, un Welcome Center accueille les nouveaux. Des échoppes vendent des canettes de coca et autres sodas. Puis en s’enfonçant dans le camps, on se sent perdu parmi toutes ces cabanes de fortunes construites avec des matériaux de construction et des bâches plastiques. Certains logent dans des tentes, des caravanes ou des conteneurs. Aujourd’hui, le temps est ensoleillé et chaud, les chemins de terre sont secs. Mais on imagine largement le décor de boue en cas d’intempérie.
En attendant Hollande
Durant cette visite, je découvre la Cabane Juridique, squattée depuis quelques jours par des éxilés qui ont tout perdu durant le dernier incendie. Les juristes sont alors installés dans un autre baraquement prêté : on y trouve deux tables, des chaises et du papier pour noter, enregistrer les demandes. Solène est sollicitée de partout et semble être appréciée pour le travail efficace réalisé auprès des réfugiés.
Le Président François Hollande est attendu avant mi-juillet sur place. Il ne pourra pas rester insensible. Les associations seront en tout cas toutes là pour demander la révision des Accords du Touquet et du Règlement Dublin III.